Quelle forme aurais-je 15 jours après mon retour de 300km au Népal, je n’en savais rien… De bonnes sensations sur deux petites séances, mais 49 bornes, c’est autres choses. Quant à quelle place espérer sur une course relevée avec une dizaine de prétendants à la victoire, cela dépends aussi de la forme des autres…

Me voici donc au départ du Trail du Nivolet-Revard :  49km, départ de Voglans (presque) sur le bord du lac du Bourget (Aix-les Bains, 20km de Chambéry), pour une grande montée à la Croix du Nivolet (la croix qui domine Chambéry), la traversée du plateau des Bauges de la Féclaz jusqu’au Revard, puis la longue redescente au point de départ. 2.300m de dénivelé positif, et autant à redescendre bien sûr.

Je me sens bien, je suis motivé, alors j’applique la tactique qui me réussit cette année : partir vite, gérer ma course et mes sensations. Il faut assumer, mais cette petite pression supplémentaire me booste bien !!!!  Je suis quand même surpris de m’échapper si « facilement » dès le départ, je pensais qu’on ne me donnerait pas (plus…)  un « bon de sortie » si facilement. Je prends vite une à deux minutes d’avance sur le petit peloton de favoris, seuls REYT reste à une dizaine de secondes pendant les dix premiers kilomètres. Je suis bien content d’être en tête sur le single track : si je veux boire je ralentis, si je veux accélérer  dans les passages techniques je le fais, je suis bien plus tranquille que à la queue leu-leu dans un peloton à subir les fluctuations de chacun.

Au 1er ravito, je passe bien en tête, avant la montée sèche (+700m) qui mène au plateau. Je n’ai pas l’impression de forcer outre mesure, et mon alti m’indique une vitesse ascensionnelle de +24m/s (+1.400m / heure). Là je suis surpris, je ne suis jamais monté à cette vitesse en course ! Est-ce les globules du Népal ? L’entraînement ? les 2kg perdus au Népal ? l’effet d’être en tête ? je n’en sais rien, mais je m’étonne franchement, tout comme je m’étonne qu’il n’y ait pas des grimpeurs pour revenir sur moi…

Le plateau atteint, nous entamons 20km de parcours « cross » : boue, neige, vallonné, glissant, relances…  Je trouve cette partie piégeuse, et je ne m’emballe pas. Je me mets un cran en dessous cardiaquement. Après tout, tant que je suis devant… A l’entrée de la Féclaz je me retourne, j’en vois 5 derrière moi à moins de 200m !!!! Là je transpire un peu plus, et je me dis de ne pas m’inquiéter même s’ils me passent tous ! Partir vite c’est sympa, mais il faut assumer, et là s’ils me passent je sais que ça va quand même me plomber le moral !!!

Juste au ravito, Ludovic POMMERET me rattrape, mais ne me double pas, ouf… Je m’attends à ce que d’autres arrivent, mais je pense qu’à deux on a bien relancé, et finalement à nouveau creusé l’écart (pas facile de voir en forêt). Je sens que Ludo est un ton plus fort que moi au niveau souffle, je pense pouvoir faire la différence physiquement sur lui d’ici l’arrivée, encore faut-il ne pas lâcher mentalement. Les kilomètres avancent, on se tient compagnie, quelques petites piqures de temps en temps pour voir comment réagit l’autre…

Le Revard, la fin du plateau, j’attaque un peu avant la descente histoire de l’aborder en tête. Ludovic lâche quelques mètres, mais il revient bien, et on attaque la descente à fond les ballons. Technique au début, puis  grands lacets : ça relance à bloc dans les lignes droites, et ça pile pour le virage, ça relance à bloc, ça pile… Je sais Ludovic très fort en descente, alors j’envoie bien. Au trois quart, aïe, aïe, aïe, petites crampes légères au mollet. Ca ne m’empêche pas de courir, mais je ralentis un peu en modifiant mes appuis pour relâcher au maximum, le tout c’est de ne pas casser et d’atteindre le bas où la foulée changera et où ça disparaitra. Mais on ne la fait pas comme ça à Monsieur POMMERET, et rapidement il me passe (la première fois depuis le départ). Je garde un bon rythme, je sais qu’il reste du roulant sur la fin et que je pourrais me refaire sans risque de casser. Au ravito des Mentens je n’ai que 10 secondes de retard, même si ça fait presqu’une centaine de mètres à notre vitesse ! Ravito éclair « 1 flasque », Fred me la tends au passage, ravitaillement en vol, du grand art… ( !!).

Fin de la descente, j’aperçois Ludovic, et je vois que sa foulée est un peu trop lourde… je reviens vite, on s’encourage, il semble bien « résigné ». A l’arrivée j’apprendrais qu’il a fait une course de ski-alpinisme la veille le bougre… En tout cas, je souligne sa gentillesse et son panache : il aura au moins tenté le tout pour le tout ! Parcours varié dans la forêt, je flâne un peu sans le vouloir, je fais surtout attention à ne pas casser la machine, il reste encore presque 10 bornes. Dernier point d’eau, on touche le bitume, c’est pas si mal finalement ce bitume…

Je me retourne, et … ohhhh putain ! Un gars à moins de 200 mètres ! J’ai un peu trop trainé dans la forêt. Il reste 3 kilomètres :  OK, ni une ni deux, je vide le reste des flasques, je me rappelle mes années sur piste à faire du 3.000m et du 1.500m, et là ça rigole plus. Ca me fout quand même bien le stress, mais dans la dernière cote je vois que l’écart s’est recreusé. (Je surveille quand même souvent… !). Dernière descente, l’arrivée : Putain je l’ai fait ! J’ai fait ma course, j’ai tenu ! Aujourd’hui pas de neige, du beau monde,  et aujourd’hui je suis le « meilleur » ! Je savoure longuement ces bons instants à l’arrivée, demain ne sera peut-être pas comme ça, il faut en profiter tant que c’est là !!! J’ai finalement 3 minutes d’avance, Ludovic arrivera 4ème.

Mes adversaires au TTN sont classés plus loin : cette fois-ci j’ai fait le break pour la sélection en équipe de France pour les Chnats du Monde du 12 juillet. Dire qu’il y a un mois je ne savais même pas qu’il y avait une équipe de France de prévue, et là me voilà bien embarqué ! Je sais que ce ne sont pas les Jeux Olympiques non plus, je pense que d’autres sont tout aussi bons et même meilleurs que moi (y compris dans ceux qui ont couru aujourd’hui), mais le concours de circonstances de ce début de saison me donne une opportunité imprévue : je la prends !

Prochaine course, le Trail des Lacs à Gérardmer le 31 mai, une nouvelle étape de ce Championnat de France (TTN).  Je prends les courses l’une après l’autre, et je remets 5 francs dans le juke-box !

 

Équipement pour cette course :

  • Top Mountain Run (j’ai apprécié la ventilation arrière et le coupe-vent devant pour le petit matin et les zones à l’ombre. Les manches se relèvent et se baissent en fonction de la t°. Sèche super vite)
  • Corsaire R-DRY (compressif, je m’y sens bien, sèche aussi super vite).
  • Pack Marathon (2 flasques 200ml= suffisant avec les 5 ravitaillements, et large poche pour les gels. Le profil de la course et le kilométrage dans un petit sachet et glissé dans la poche filet).
  • Miniguêtres (super dans la boue et la neige !), et Flyroc 310 (légère, accroche, et polyvalente pour bien envoyer sur le goudron).

Photos Sylvain Bazin

6 Comments

  • Akuna dit :

    Bravo pour cette course ! Vraiment la patate Benoit en ce debut de saison, ta place est amplement meritee, pourvu que la forme tienne jusqu’a Serche. J’y serai (avec le MTC) sans doute en tant que spectateur.

  • Pat dit :

    Quelle aisance !Un grand bravo et ravie de t’avoir « vu » en chair et en os !

  • Tercan dit :

    Vraiment, vraiment impressionnant cette année Benoit !!!Pourvu que ça dure, mais je sens que 2009 sera ton année.A ce rythme, c’est presque dommage que tu ne te sois pas inscrit à l’UTMB… cette année j’aurais aimé voir ce que tu aurais fait sur ce tour qui te resiste… pour l’instant… mais plus pour longtemps je pense 🙂

  • yanshkov dit :

    Tu l’as mérite vraiment cette place en équipe de france, pour l’ensemble de ton oeuvre ! Bravo pour ce début de saison et bonne continuation ! 

  • Ben dit :

    Une année XXL qui se poursuit, l’équipe de France serait la cerise (méritée) sur le gâteau !

  • Arnaud dit :

    Une sélection en équipe de France ? Bravo !!!Il va falloir fêter cela dignement !!! Bière(s) à volonté au mois de juillet !!!  

Leave a Reply