La Barkley, « la course la plus dure du monde », c’est quoi déjà ?
La Barkley c’est une course à pied de 100 miles théoriques et 20.000 mètres de dénivelé positifs, autant de négatifs, qu’il faut terminer en moins de 60 heures, qui se déroule chaque année dans le State Park de Frozen Head, dans le Tenessee, USA.
Les 100 miles théoriques font en fait environ 200 kilomètres sur le terrain, et il s’agit de faire 5 fois la même boucle de 20 miles, chacune en moins de 12 heures, dans un sens, puis la nuit, puis dans l’autre sens, puis la nuit, etc…
L’origine de cette course a pris jour lors de l’évasion spectaculaire de James Earl Ray, assassin de Martin Luther King, de la prison de Brushy Mountain à la frontière du parc de Frozen Head. James Earl Ray avait parcouru à peine 13 kilomètres avant d’être repris presque 60 heures plus tard. Un ultrarunner local, Gary Cantrell, avait estimé avec un ami sur le ton de la plaisanterie qu’ils auraient au moins fait 100 miles durant ces 60 heures. L’idée de la course était née, et la Barkley passe encore aujourd’hui dans un tunnel sous la prison de Brushy Mountains à l’endroit même de l’évasion.
Entre autres subtilités, l’heure de départ n’est connue qu’une heure à l’avance le jour J lorsque Laz (Lazarus Lake, surnom de Gary Cantrell), souffle dans une conque (gros coquillage), le départ est donné lorsque Laz allume sa cigarette, le parcours n’est pas balisé, la moitié du parcours est en tout-terrain dans des pentes raides et plus ou moins encombrées de végétation, la carte n’est dévoilée que la veille en fin d’après-midi, et il faut trouver une dizaine de livre sur le parcours, et arracher la page de ces livres correspondant à son dossard pour justifier de son passage.
40 coureurs sont choisis chaque année selon un processus compliqué et secret. Laz, le fameux barbu qui allume la cigarette, organise cette course tout seul, deux amis fidèles se contentant de veiller sur l’intendance qui se résume à faire cuire du poulet grillé et des haricots rouges pour les coureurs, et à jouer au clairon le chant des mort « tap » aux arrivants ayant échoué dans la quête des cinq tours.
Extrêmement difficile physiquement avec son parcours hors normes, extrêmement difficile par tous les chausse-trappes psychologiques que Laz incorpore avant et pendant la course, plus de mille coureurs avaient tenté leur chance avant cette 31ème édition, pour seulement 14 finishers, soit à peine plus de 1% de finishers, ce qui donne à la Barkley la réputation d’être la course la plus difficile au monde.
Pour cette édition d’avril 2016, j’ai eu la chance que ma candidature ait été retenue par Laz pour cette course mythique, ainsi que 4 autres français, Rémy JEGARD Dominique ECOIFFIER, Fabien DUFLOS, Eric LEMUR. J’ai partagé cette aventure avec Karyne « Yogathletic » pour l’assistance et les réseaux sociaux, Alexandre Gilles du Team Raidlight Réunion pour la vidéo, Erik Sempers et Eliane Patriarca pour les photos reportages pour VSD et Jogging-International. Une bien belle aventure, partagée avec les centaines de suiveurs sur Facebook (merci des encouragements !), avec mon équipe de choc (merci de m’avoir supporté !), avec les autres coureurs de la confrérie Barkley, et avec notre fameux Laz.
C’est MA Barkley J…
Allons droit au but : la course s’est révélée en effet extrêmement difficile et physique !
On a beau y être préparé et n’en pas douter, il faut le vivre pour le voir, le croire, et le comprendre. C’est un mélange de brutalité des pentes, un mâchage des muscles par le tout terrain permanent, terrain mou des feuilles mortes, arbres au sol, ronces, rochers, … C’est possible de courir, et c’est impératif si on veut boucler dans les temps.
L’orientation n’est pas si difficile en soit. Ce n’est que de la navigation comme dit Laz, et ce n’est pas faux. Mais en dehors des sentiers balisés, la carte est juste « verte », ne mentionnant pas tous les anciens chemins de mines, ne mentionnant pas les falaises où il faut donc toujours faire un petit détour pour les franchir, ne mentionnant pas la végétation particulière qui s’y trouve. Globalement c’est facile de trouver son chemin, mais les éléments au sol sur le terrain sont en permanence une cause à dériver du cap. Et au bout de x heures, et encore plus de nuit, il ne faut pas perdre le fil cinq minutes, sinon c’est quinze ou vingt minutes de perdues pour se remettre dans le droit chemin…
Entre autres difficultés, il y a celle de trouver les livres avec la définition parfois un peu ésotérique (on cherche souvent un arbre dans la forêt J), la météo qui cette année a été très clémente mais l’eau dans les bidons du ravitaillement était quand même gelée en surface, et pour nous français la langue anglaise qui rajoute toujours un petit obstacle supplémentaire particulièrement avec les jeux de mots et le second degré de Laz.
Tout cela explique qu’à peine après une demi-boucle, j’étais déjà rincé…
Cette aventure a donc démarré à 10h42, à la première bouffée de cigarette de Laz. J’ai le dossard 19 pour ce premier tour, celui de la Corrèze, un bon signe. La première montée est d’un rythme moyen, nous sommes une petite dizaine à suivre le King Jared trois fois finisheurs. Je mets juste un petit coup d’accélérateur pour avoir la chance d’être le premier à prendre ma page au 1er livre avec le petit peloton de tête. Puis je laisse filer les premiers dès la première descente. Dès le livre 2 le groupe est dispersé dans la forêt, et la course en solitaire commence. Dix minutes de perdues au livre 3 à attendre la meute du deuxième peloton, impossible de trouver le livre. J’étais à dix mètres, mais il fallait soulever complètement un rocher pour voir le livre. Je pensais qu’il était toujours apparent, d’autant que dans la zone il y avait une bonne douzaine de rochers bien plus gros… C’est la Barkley J !
Une navigation assez propre, je prends mon temps physiquement, mais même comme ça l’épuisement s’accumule, et ça monte, et ça descend… Vient la fameuse montée de « Rat Jaw », signifiant les mâchoires de rat, nommée ainsi du fait du tapis de ronce jonchant cette ligne droite où l’ancien câble est bien utile pour se tracter vue la pente… Quand c’est moins raide, ce sont les ronces qui s’agrippent aux jambes et qui finissent parfois par basculer et revenir jusque sur les bras ou la tête. C’est la Barkley J ! Aller-retour à la tour de guet, puis grande descente jusqu’en bas de Rat Jaw, pour entrer dans la prison. Deux cent mètres dans le tunnel en dessous où passe la rivière, de quoi avoir les pieds bien trempés cette fois-ci, mais ils l’étaient déjà. Instants mythiques, et à nouveau un livre au titre évocateur : « What did I do wrong ! », de quoi réfléchir un peu.
S’ensuivent les deux dernières montées de la boucle, « The Hell », droit dans la pente de la forêt de feuillus, 400 mètres de dénivelés chacune « seulement », en fait une éternité. La pente n’est jamais dangereuse, mais elle varie entre forte et très forte. Parfois je me rappelle quelques couloirs en alpinisme, c’est sûr qu’ici les pentes sont parfois de 50°. La descente est pourrie au sol, il y a toujours les feuilles, les pentes, mais aussi pas mal de rochers qui tordent les chevilles, puis des zones humides sous les feuilles où ça fait immédiatement « zip sur les fesses »… Je monte encore assez bien la dernière cote, à 700 mètres / heure de dénivelé. Mais mine de rien, c’est le rythme nécessaire : un calcul simple du rapport dénivelé / distance fait apparaitre qu’il faut faire du 600m/h de moyenne en montée et en descente, pendant 60 heures…
La première boucle ne s’est finalement pas si mal passée, j’arrive à la barrière jaune juste avant la nuit, en 9h36. Le matos Raidlight est parfait, un régal : les guêtres d’orientation, les miniguêtres, la formidable accroche des RL004 sur tous les terrains, le proto du sac Lazerdry 20 qu’on a mis tant de passion à mettre au point dans l’atelier de Saint-Pierre-de-Chartreuse, etc…
35 minutes au ravito, à manger deux lyos, boire presque deux litres, me changer, déconner un peu, me reposer, et reconditionner ce qu’il faut dans le sac pour la 2ème boucle. Ma chaise pliable à 5USD est très confortable, mais il faut déjà repartir. Mine de rien, ça fait déjà dix heures et quart, et finalement peu d’avance sur la barrière horaire après une première boucle de jour…
Laz me donne mon dossard pour le second tour, le 95. La nuit est désormais bien noire, et je la perce de ma Petzl Ultra, un gros phare puissant. La première montée est dure : on quitte la chaleur et la civilisation pour la nuit froide, et avec le ventre plein l’effort est difficile. Cependant, et cela le refera à plusieurs reprises, je suis surpris d’arriver déjà en haut de la pente, alors que j’ai mis plus de temps.
Premier livre, facile, immanquable, et pourtant… je perds 25 minutes à jardiner. J’ai dû passer dix mètres à coté, mais la nuit j’ai zappé ce qui de jour est évident, et je suis descendu trop bas jusqu’aux falaises. En remontant la pente dans la jungle, ma boussole a dû prendre un pét, il manque le rond avec l’aiguille ! Je reviens dix mètres en arrière, mais vu la jungle, impossible de la retrouver. Je prends ma boussole de rechange que j’ai dans le sac à dos. Livre 2 ok, mais j’accuse le coup dans la montée suivante, très raide.
Je vois le temps qui court, et moi qui marche… où je suis passé en 2 heures au premier tour, je passe cette fois-ci en 3h30 ! A la fois parce qu’au début de course j’allais bien plus vite au 1er tour, normal, à la fois par mon erreur au livre 1, mais aussi parce que à plein d’endroits de jour on peut trottiner et de nuit on ne peut assez anticiper et on marche. Les livres défilent, heureusement qu’on l’a fait de jour avant…
Je foire le livre en bas de Buttslide, la pente de la mort, là aussi je dois passer juste à coté. Ce n’est que vingt minutes de perdues, mais cinq en descente de trop, quinze à remonter… La sortie de la Stallion Mountain sera encore plus épique. Je zigzague tout du long de la descente entre falaises infranchissables à contourner, et des crêtes et pistes non marquées sur la carte qui me déversent à chaque fois dans la mauvaise direction. L’épuisement musculaire progressif participe certainement à cela aussi, avec l’envie d’éviter les pentes directissimes et raides pour chercher un meilleur terrain.
Tiens, un lapin à coté de moi, assis, tout gentil. Je le regarde fermement voire si c’est vrai, mais je crois que j’ai bien vu un lapin, un vrai. Une règle de trois basique me fait comprendre que je ne sortirais pas de la boucle en moins de 24 heures, même en perdant moins de temps sur la fin, ça ne participe pas à me motiver… Mais de toute façon, cette deuxième boucle je la finirais.
Enfin en bas de Stallion Mountain pour franchir la New River, délivrance. Elle coule de droite à gauche, normalement, comme je l’ai bien vu au premier tour. Normalement, … parce que là la rivière devant moi cette fois-ci, c’est de gauche à droite qu’elle coule ! Il est cinq heures du matin, assis toi, bois un coup, mange un Mars, et regarde la carte… Après plusieurs hypothèses parfaitement improbables, je finis par comprendre que j’ai descendu la dernière pente à angle droit, et je suis sur l’autre rivière à gauche. Pas grave, juste deux kilomètres de plus à faire… C’est la Barkley J.
La route traversée, une petite pause s’impose. Il fait bien froid, je verrais plus tard quelques stalactites sur des rochers. Ah ben mince, j’ai oublié ma veste entre les deux tours, je sais parfaitement où elle est, devant à droite de ma chaise à 5USD, à vingt-cinq kilomètres de là. Je dors quand même cinq minutes, réveillé par le froid. Je vois que malgré ces péripéties je ne me débrouille pas si mal finalement, le groupe avec qui on joue au ping-pong depuis le livre 1 vient juste de passer : tout cumulé je ne fais pas plus de conneries que les autres… Donc pour faire une bonne moyenne, j’en refais une belle deux livres plus loin, encore un livre si facile de jour…
Le soleil se lève avec moi sur Rat Jaw. J’ai définitivement perdu espoir de passer la barrière horaire de 24 heures. La nuit, les distances s’allongent, le temps de raccourcit… (les premiers mettrons 11 heures pour cette boucle de nuit, contre 8 pour la première de jour).
Depuis la tour au sommet, le camp n’est qu’à trois kilomètres si on prend la « quitters route ». C’est tentant, mais je ne la prends pas, je ferais mes deux tours, même usé, même démotivé d’être hors délais. Je rengage Rat Jaw coté descente, l’eau sous la prison est plus froide au petit matin, et il reste les deux fameux murs de l’enfer.
J’avance très doucement, juste pour finir « tranquillement ». Inutile de dire comme c’est dur, et long, et le nombre de pas qu’il faut faire pour les gravir. Mais pourtant à aucun moment je ne maudit Laz. Bien au contraire. Il nous a promis la course la plus difficile du monde, on en a pour nos 1,60USD, et si c’était plus facile ce serait décevant. Je pense à ce millier de « Barkers » qui sont passés ici, et qui sont rentrés chez eux en faisant 1 ou 2 tours, les 90% de participants. Vu depuis son canapé cette statistique semble incompréhensible, « cela doit être 90% de « buses » et de charlots qui participent pour ces statistiques… » Vu d’ici je comprends mieux : j’en fait partie. C’est la Barkley J.
Les premiers me croisent pour leur 3ème tour à l’envers vers la prison, puis les autres se font rares. Et en fond de dernière descente, vers la 26ème heure, je croise à nouveau des coureurs qui entament leur 3ème boucle. Pourtant on est à peine une heure du camp, comment se fait-ce qu’ils soient repartis après 24 heures ? Je comprends mon erreur, magistrale, en demandant à Jennylin que je croise, et à la volée elle me dit « twenty six hour forty »…
… La barrière horaire n’était pas à 24h00, mais à 26h40 ! Je vous explique… La Barkley, c’est 5 tours, 5 tours de 12 heures, égal 60 heures. J’avais donc retenu les barrières horaires 12h, 24h, 36h, 48h, 60h. Mathématique. Mais à l’intérieur de la Barkley, il y a la « Fun Run », c’est-à-dire finir 3 tours « seulement », la course « facile » pour laquelle Laz accord 40 heures au lieu des 36 heures, comme dit Laz « pour que les femmes et les enfants aient le bonheur de participer ». De ce fait, les barrières horaires à l’issue de la boucle 1 est de 13h20, puis 26h40 pour la boucle 2, puis 40h00 pour boucle 3. (même si en passant à 40 heures, il n’y a plus aucune chance de faire 48 heures à la fin de la boucle 4…).
P………… si j’avais su… Si j’avais su, j’aurais pu gratter la demi-heure qui me manque pour entament la 3ème boucle, c’est certain ! Pourquoi n’ai-je pas su, ou plutôt pas retenu cette règle que j’avais pourtant lu (j’ai vérifié) ? Tout d’abord, pour la Barkley, il n’y a pas de site internet, et pas de règlement écrit pour référence. Il y a des règles, immuables et intransigeantes, que Laz connait, et que l’on connait avec l’expérience et le bouche à oreille. Le bouche à oreille, c’est notamment une mailing-list, où tous les barkers et les prétendants s’inscrivent. Plus de 1.500 messages échangés depuis novembre, des anecdotes, du second degré, la vie de chacun, beaucoup de jokes pour mettre la pression, etc… C’est aussi le canal d’information officiel de Laz, qui y distille de temps en temps des informations capitales, au milieu des milliers de messages… Et ce message avec les barrières horaires, pourtant le j’ai lu… Certes je ne l’ai pas relu avant la course comme on pourrait relire un règlement, un site internet. Après un peu de recul, je crois aussi que cette règle, je ne l’ai pas retenue, pour avoir été un peu trop présomptueux. Franchement, quand même, être à la limite de la barrière horaire dès la fin de la 2ème boucle, ho ho ho, ça ne me concernera pas a du se dire ma mémoire… ! Et voilà… C’est la Barkley J.
Je finis donc ma deuxième boucle les cuisses ruinées mais « tranquillement », mes 13 pages en poche, en 27 heures d’effort, épuisé après 80 kilomètres et 8.000 mètres de dénivelés en tout terrain, « seulement ». LOL.
Me voilà comme tant d’autres, avec un échec, et « tap » au clairon. Mais je suis heureux, très heureux d’avoir gouté à cette fameuse Barkley, d’avoir vu par moi-même ce qui en fait sa difficulté, d’avoir partagé cette aventure avec la famille des Barkers, et surtout avec Laz.
Laz le bourru barbu au bonnet et à la blague toujours intransigeante. « Tu as fait les 2 tours et trouvé 13 pages, mais tu es en retard, garde tes pages je ne vais pas les compter, ça ne compte pas »… Et oui… C’est la Barkley J.
Mais ne croyez pas que ce soit vexatoire comme le fait qu’il y ait vulgairement mises au feu les pages des premiers après leurs premières boucles comme si tous les efforts consentis ne valaient rien. Nous venons pour la « course la plus dure du monde », elle l’est dans tous les domaines, particulièrement psychologique. Et Laz est celui qu’il nous faut, intransigeant sur les règles, et toujours au second degré, et on le sait. Est-ce sérieux de s’engager pour la Barkley, non ce n’est pas sérieux, nous sommes ici pour nous amuser et voir nos propres limites…
Et pour Laz, cette Barkley c’est la quête de la limite de l’endurance humaine qu’il évalue et qu’il repousse. J’ai eu la chance d’aller chez lui passer une soirée et une nuit quelques jours avant la course. Derrière Laz « Le gros barbu qui boite et qui fume » il y a Gary Cantrell, le passionné de course à pied, qui partage cela avec sa femme et ses trois enfants, qui a couru des dizaines de courses, des 50 miles, des 500 miles, un 500 kilomètres qui traverse le Tennessee…
Au détour d’un excellent burger, j’ai pu constater que quelques dossards sont encore accrochés sur le frigo, des babioles de course trainent par-ci par-là, et dans la chambre des coureurs de passage, la couette est constituée d’un patchwork constitué à partir des T-shirt de courses qu’a fait Gary, depuis plus de quarante ans. La couette est ainsi sur les deux faces, et il y a 3 couettes comme cela… Trois couettes double face, étrange étalon pour mesurer le nombre de kilomètres qu’a pu faire ce coureur passionné…
La Barkley, l’évasion de James Earl Ray, le défi de courir 100 miles dans la forêt, tout se tient… La course a toujours tenu ses promesses : personne n’avait réussi le défi de finir lors des trois premières éditions… Et depuis, à chaque fois que des coureurs ont réussi, il a durcifié un tantinet la course, un peu plus long, une petite montée de plus, etc… La course d’aujourd’hui est certainement le double de la 1ère édition, et 50% de plus qu’il y a quinze ans. Mais la pratique a évolué en même temps, et psychologiquement il n’y a qu’un petit pas de plus à franchir à chaque fois, comme pour l’évolution de tous les records du monde. La Barkley, c’est cela pour Laz, c’est cela pour nous tous, une aventure humaine aux frontières de nos limites.
Et ainsi Laz gère sa course avec passion, humanité, et complicité avec les coureurs. Il ne gère pas 40 numéros de dossards, mais 40 coureurs qu’il connait par leur prénom, leur histoire, et qu’il accueille personnellement partager l’histoire de chacun sur cette course, pendant 60 heures. C’est ça la Barkley J.
Au final, seul 1 coureur finira cette année les 5 boucles, Jared Campbell, qui réussit cette performance pour la troisième fois, just in time avec moins d’une demi-heure de marge. Bravo, exceptionnel. Garry Robbins aura fait 4 tours avec Jared, avant de perdre deux heures et demi dans la 5ème sur un livre pourtant pas difficile, de jour, où il était passé quatre fois, mais après cinquante heures, tout peut arriver… John Kelly abandonnera aussi sur la 5ème boucle, épuisé, lui l’enfant du pays, qui a malheureusement perdu une heure sur le premier tour alors que ce sont ses chemins d’enfance. Seulement ces trois coureurs auront fini la Fun Run (« la course pour les femmes et les enfants » J ) dans les temps. Les autres français auront tous fait 1 tour, et franchement c’est pas si mal ! Nicky Rehn, une néo-zélandaise, a déjà fini quatre fois le Tor des Géants, et à la Barkley elle a fait un tour et demi. C’est la Barkley J.
Au final, je suis extrêmement satisfait de cette expérience. 90% de satisfaction de m’être fait manger tout cru sur « seulement » deux tours, malgré toute la passion avec laquelle j’avais préparé et avec laquelle je m’étais renseigné sur cette Barkley. Et 10% de frustration, qui vont me donner l’énergie de poser ma candidature pour une seconde chance…
Je me donnais 50% de chances de faire 3 tours, et j’avais l’outre-cuidance de me donner 5% à 10% de chance d’en faire 5, je n’en n’ai fait que 2. Mais même si j’étais reparti, je n’aurais pas fini les 3 tours en 40 heures, aucun des autres de mon « groupe » ne l’ont fait, seuls les 3 premiers, ont fini la Fun Run ! C’est le ratio habituel, C’est la Barkley J.
Cette Fun Run sera mon objectif la prochaine fois, avec l’expérience cela me semble possible. Quant aux 5 tours, certes le motto de cette année c’était « The Barkley marathons, where the Dreams go to die », mais je vais garder l’étoile qui brille au fond de la tête, et croire aux 1% de chance d’y arriver, la statistique de tous les coureurs de cette fameuse course la plus dure du monde, ce n’est pas une blague, c’est vrai, c’est la Barkley J.
Comment finir ce récit sans une dernière blague de Laz… Nous pensons tous que la prochaine édition sera nécessairement plus dure puisque Jared a mis la barre un peu plus haut. Mais non…, Laz vous répondra que « la prochaine fois sera encore plus facile, puisqu’il y aura un peu plus de descentes ! ».
Thank you Laz J.
#Raidlight , #BARKLEY100
Photos Erik SEMPERS et Karyne NGUYEN, videos Alexandre GILLES et Benoit LAVAL
Barkley Marathons Official Results
04/02/16-03/04/16
Loop 1 :
1 Jared Campbell UT 8:01:18
2 Gary Robbins NWF 8:01:19
3 Adam Lint WA 8:01:23
4 Andrew Thompson NH 8:14:44
5 John Kelly MD 8:58:16
6 John Fegyveresi VT 9:15:16
7 Benoit Laval FRA 9:36:13
8 Jason Poole CO 10:02:12
9 Erik Storheim UT 10:10:17
10 Ty Draney WY 10:10:18
11 Michiel Panhuysen NED 10:20:07
12 Dale Holdaway BRA 10:20:15
13 Georg Kunzfeld GER 10:48:04
14 Dominique Ecoiffier NCL 10:48:40
15 Ed Thomas SD 10:49:05
16 Nikolay Nachev WA 10:55:20
17 Mikael Andersson SWE 11:14:59
18 Jennilynn Eaton UT 11:19:39
19 Heather Anderson WA 11:24:02
20 Conrado Bermudez NJ 11:33:37
21 Rebecca Wilcox AUS 11:33:38
22 Niki Rehn NZL 11:37:36
23 Kirby Russell TN 11:37:38
24 Hiram Rogers TN 11:46:55
25 Remy Jegard FRA 11:46:56
26 Iso Yucra BOL 11:52:28
27 Hisayuki Tateno JAP 11:52:32
28 Brad Bishop CO 12:56:51
40 Starters
Loop 2
1 Jared Campbell 19:02:32
2 Gary Robbins 19:02:33
3 John Kelly 20:13:43
4 Dale Holdaway 25:24:54
5 Jason Poole 25:47:25
6 Ty Draney 25:47:26
7 Jennilynn Eaton 26:28:37
8 Michiel Panhuysen 26:36:10
25 Starters
Loop 3 :
1 Jared Campbell 31:27:16
2 Gary Robbins 31:27:20
3 John Kelly 32:38:08
7 Starters
Loop 4 :
1 Gary Robbins 46:39:04
2 Jared Campbell 46:40:06
3 John Kelly 47:46:58
3 Starters
Loop 5 :
1 Jared Campbell 59:32:30
3 Starters
You did it! Not completely but you did it. And now you know, for the next time. Well done!
J’ai vibré et eu des frissons en lisant ce post !! Encore bravo.
Bravo pour ta course. Ton récit embarque dans l’aventure, on ressent ce qu’il faut de condition physique, de volonté et d’humilité face à l’obstacle.
J’en ai eu les chevilles douloureuses et les bras lacérées par les ronces rien qu’à lire ton récit… Celà fait à la fois envie (pourquoi pas ? serai-je plus dur que la plus dure des courses ?) et peur en même temps (supporterai-je le second degré de Laz avec l’épuisement sans péter un plomb ? verrai-je un lapin aussi ?). Par curiosité littéraire, les pages arrachées des livres parlent de quoi ?
Top que tu repartes à l’attaque (Jared n’est qu’un coureur entrainé après tout ;-)). bon courage pour la suite
Alors franchement, je voyais bien les 3 boucles…. mais la réalité a été toute autre, une bien belle aventure, une course exceptionnelle, mais ça on le savait. Avec l’expérience, une autre histoire à écrire l’année prochaine donc…. Je crois que Jared n’a pas fini sa première participation non? En tout les cas, chapeau, et respect… et bon repos aussi maintenant ;o))
Merci pour ce récit bien détaillé.
Vais essayer de finir une fois le Tor, pour la Barkley, ce sera pas pour tout de suite….
Bien sportivement.
Hervé.
La Barkley, c’est un peu « Into the Wild » en version trail …sacrée leçon d’humilité, et de vie !
Alors, pour que le jeu (le sport n’est-il pas qu’un jeu dérisoire, après tout) continue, bon courage pour ta lettre de motivation 2017.
Et amitiés à l’extraterrestre Laz …
Bravo Benoit pour avoir osé ce défi et bravo pour les deux tours…. et merci pour ton récit très détaillé qui nous mets dans l’ambiance de la course. Tu es un vrai champion….allez prêt pour tenter la « Fun Run » l’année prochaine….::))
[…] du 2ème événement de FailCon Grenoble en 2017, je viendrai vous parler de La Barkley, un trail atypique organisé dans le Tennessee aux USA, la course la plus dure du monde avec […]